Le premier de la liste est un romancier suisse, Martin Suter. C'est un auteur que je viens juste de découvrir mais j'ai beaucoup aimé son roman "Le Diable de Milan" qui m'a donné envie de lire ses autres écrits. J'ai d'ailleurs emprunté à la bibliothèque "La face cachée de la lune".
A vrai dire, je l'ai découvert très récemment, grâce à un article du magazine Lire. J'aime bien lire les chroniques de livres des blogs que je suis, aussi sur Livraddict ou afin de découvrir des auteurs que je ne connais pas, ou des romans moins connus.
Pour cet article, je vous transmets une chronique parue dans Télérama, afin de vous donner un réel aperçu de cet auteur que je ne me reconnais pas capable d'écrire étant donné que je n'ai lu qu'un roman de lui. De plus, cet article m'a vraiment intéressée et j'espère qu'il en sera de même pour vous.
A bientôt!!
Ses romans, que l’on dévore avec un plaisir compulsif, explorent plusieurs milieux - avec un intérêt marqué pour la grande bourgeoisie helvétique, propice aux intrigues d’autant plus vénéneuses que feutrées - et des domaines variés : Alzheimer et sombres histoires de dynastie familiale dansSmall World, investigation journalistique et scandale lié à la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans Un ami parfait, imposture amoureuse et éthique au sein du petit monde éditorial et littéraire dans Lila, Lila, chausse-trappe en cascade dans les coulisses du marché de l’art avec Le Dernier des Weynfeldt...Si le canevas joue sur des figures classiques le héros de Lila, Lila s’approprie le manuscrit d’un inconnu, devient riche et célèbre, mais se voit bientôt persécuté par un maître chanteur, Martin Suter réalise parfois des combinaisons inattendues: un trip aux champignons hallucinogènes va bouleverser la vie bien rangée d’un avocat d’affaires dans La Face cachée de la lune jusqu’à le faire littéralement retourner à l’état de nature, tandis que Le Cuisinier mêle gastronomie de pointe, crise financière mondiale, trafic d’armes, amours tarifés et guerre au Sri Lanka !
Livre après livre, des constantes s’affirment cependant, telles que le choix d’un sujet de société et le souci d’un travail de recherche d’envergure, à même d’asseoir la crédibilité du scénario plusieurs romans de Martin Suter vont d’ailleurs être adaptés au cinéma. En témoignent l’étude de la psilocybine dans La Face cachée de la lune ou les recettes dans Le Cuisinier, décrites avec une délicieuse minutie lorsque le héros, Maravan, jeune réfugié tamoul travaillant dans les cuisines d’un grand restaurant suisse, se lance dans la préparation de mets sophistiqués dans l’espoir de séduire une collègue de travail. De manière générale, Martin Suter qui pousse le scrupule documentaire jusqu’à inclure le détail desdites recettes en annexe possède l’art du petit fait vrai et du détail qui sonne juste, de la description vivante et sans fioriture, de l’intrigue élaborée, un rouage après l’autre, en petite mécanique qui ne peut que happer le lecteur. Il ne s’intéresse nullement à l’expérimentation langagière pour elle-même, mais sait mettre la construction au service de ce qu’il a à dire, et surtout à raconter, usant avec aisance et même virtuosité du récit dans le récit, du flash-back bref ou étendu, de l’intrication des voix, des points de vue alternés, pour peu que cela rende son texte plus fort et plus prenant : forme et fond s’accordent à la perfection.
Sa palette s’étend de l’histoire d’amour au thriller en passant par l’analyse psychologique, mais chaque histoire s’établit autour d’un crime ou d’un délit passé Small World, Un ami parfait, en cours Lila, Lila, La Face cachée de la lune, et parfois à venir, comme dans Le Cuisinier, où l’auteur expose personnages, décors et situations en prenant son temps, avant de les « ramasser » en un geste, un seul et unique acte qui rattache ce roman à une thématique omniprésente dans son oeuvre: non tant celle d’une quête d’identité que d’une révélation de soi à soi. Un mystère en cache un autre, et le noeud apparent de l’intrigue joue un peu dans les romans de Suter un rôle voisin du fameux MacGuffin dans les films de Hitchcock : il n’est que le prétexte d’un autre dévoilement, tantôt brutal, tantôt progressif, celui de notre être profond. Substitution d’enfants dans Small World, vol d’identité dansLila, Lila, découverte que « je est un autre » dans Un ami parfait ou La Face cachée de la lune... Les personnages de l’auteur suisse comprennent au terme de leur aventure qu’ils ne savaient rien d’eux-mêmes, et chacun de ces romans peut se lire comme une manière d’épopée initiatique, jusque dans son dernier ouvrage, où Maravan se révèle ne pas être celui qu’on et surtout qu’il croyait.
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