Voici le début du roman d'Ena Fitzbel, "Le dernier métro pour Artala" dont je vous recommande la lecture. L'écriture est soignée, le style très agréable. J'espère que grâce à ma modeste contribution "Le dernier métro pour Artala" connaîtra une longue, longue carrière ainsi que son auteure. Bonne lecture à tous!!!
DÉBUT de Le dernier métro pour Artala d'Ena Fitzbel qui sort le 21 juillet :
La reine Érato commence à s’impatienter. Tout en maugréant, elle arpente la salle du trône, donnant de grands coups dans les rangées de chaises, s’emmêlant les pieds dans sa traîne. En règle générale, elle ne supporte pas qu’on la fasse attendre ; ses sujets lui doivent respect, obéissance et, surtout, ponctualité.
Ainsi, aujourd’hui plus qu’hier, elle enrage de ne pas voir arriver son chef des armées. Car l’affaire qui l’occupe est de la plus haute importance et ne souffre aucun retard. Si des mesures ne sont pas prises au plus vite, Érato risque fort de se retrouver en bien fâcheuse posture.
Impuissante à calmer ses vives inquiétudes, elle trépigne comme une enfant.
— Non, non, non et non ! crie-t-elle, en jetant sa couronne contre le mur.
Exaspérée, elle part la ramasser, puis l’inspecte minutieusement. Une fois assurée que les saphirs sont toujours enchâssés dans leur monture en or, elle se rapproche de l’une des larges fenêtres en ogive.
La lune de la nuit ne s’est pas encore couchée que celle du jour, plus grosse et plus brillante, se lève à l’horizon opposé. Érato prend appui sur le rebord de fenêtre pour savourer ce moment si particulier de la journée : l’Équiméra du matin. À l’aube comme au crépuscule, les deux astres se saluent, puis l’un d’eux tire sa révérence et cède la place à son jumeau. Pendant ce court instant, la lumière est tellement vive qu’on peine à garder les yeux ouverts. Lorsque l’astre déclinant disparaît enfin, la pénombre revient et la reine peut contempler à loisir son royaume. À ses pieds s’étend le pays d’Artala.
Érato ne veut pas renoncer à son trône. Elle ne laissera pas à une autre le plaisir de dominer les plaines que ses sujets cultivent. Recouvertes d’une terre noire riche en paillettes d’or, elles scintillent comme des milliers d’étoiles sous les rayons argentés des lunes qui se partagent le ciel.
Depuis son promontoire, Érato aperçoit au loin de gros points brillants qui se détachent dans la pénombre. Et elle devine ces villages qu’elle n’a jamais visités, mais dont on raconte qu’on y vit « à la dure », couchant à même le sol dans des masures obscures.
Dans son château bâti au sommet d’un rocher inexpugnable, Érato ne connaît que la lumière. Certes, dehors il fait toujours nuit. C’est à peine si les lunes parviennent à bleuir un ciel éternellement sombre. Mais les murs blanchis à la chaux, ainsi que des cages en verre remplies de lucioles, inondent de clarté les intérieurs du château, et la peau soyeuse d’Érato.
Une porte claque, des bruits de bottes résonnent sur les dalles de marbre blanc. Érato sursaute : son chef des armées, Silas Manartis, vient de faire une entrée fracassante.
— Et le protocole, nom de sang vieux ! crie la reine en tournant vers lui un regard noir de colère. Votre séjour prolongé sur le front de l’est vous aura fait perdre vos bonnes manières !
— Votre messager a dit que c’était urgent, lui répond le général, dont les lèvres se retroussent imperceptiblement.
— En effet ! Et vous m’avez fait attendre !
— J’ai fait au plus vite, rétorque-t-il froidement.
L’espace d’un instant, ils se taisent, se jaugeant mutuellement. Silas n’a que du mépris pour cette reine, trop belle et trop fraîche pour son âge, mais il veille à n’en rien laisser paraître. Comme son père et son grand-père avant lui, il la sert le plus fidèlement qu’il le peut.
Depuis quatre-vingts ans qu’elle est au pouvoir, Érato n’a pas quitté son teint de rose ni la blondeur éclatante de ses longs cheveux coiffés en tresse. Dans sa robe en soie azur brodée d’or, elle a conservé une allure délicate et juvénile, que démentent des yeux bleus d’une implacable dureté. L’on raconte qu’elle use de magie pour éviter les affres de la vieillesse. Silas ne ressent que du dégoût pour ceux qui défient le temps.
— Nous avons un grave problème avec le Protonodos.
— Et moi, j’aurais pu gagner une bataille décisive si vous ne m’aviez pas fait appeler, réplique le général avec une moue de dédain.
Piquée au vif, Érato lui jette un regard indigné. Qu’insinue-t-il par là ? Qu’elle est une mauvaise reine ? Cherche-t-il à lui imputer la faute d’une défaite contre les troupes yargas ?
— Le Protonodos est en train de se refermer. Et nous ne pouvons l’admettre, poursuit-elle en s’appliquant à mettre de la distance entre elle et son vassal.
Pour donner plus d’emphase à ses propos, elle s’éloigne du rebord de fenêtre et part s’asseoir sur son trône.
Depuis que ce Silas a pris la succession de son père à ce poste, il ne s’est guère montré affable. Fier de son physique irréprochable, il arbore des airs arrogants chaque fois qu’il s’adresse à elle. S’il croit qu’elle l’a attendu pour pacifier le pays !
Bien des années avant la naissance de ce rustre pétri d’orgueil, Érato était en guerre contre les Faunias, un peuple de montagnards autrement plus redoutables que les Yargas ! Pendant cinq longues années, avec une extrême ardeur et une même constance, elle soutint un siège imposé par les Faunias. Aidés de leurs chevaux volants et de leurs bâtons qui crachaient la foudre, ces terribles assaillants avaient tous les atouts pour la vaincre, mais Érato usa de persuasion pour amadouer Calmat, leur roi. Elle lui fit signer un traité d’alliance en sa faveur. En échange de la main de sa fille aînée, Thalia, elle obtint qu’on lui livrât chaque année des bâtons de foudre et des chevaux volants.
Aujourd’hui, grâce à la paix monnayée par Érato, Silas dispose d’armes qui lui confèrent une supériorité certaine sur les Yargas. Peut-être devrait-elle le lui rappeler ?
— J’ai peine à croire que votre seule absence suffise à compromettre une victoire qui vous est acquise ! lance-t-elle d’un ton hargneux. Votre père aurait été plus prompt à la remporter.
— Les Yargas se cachent dans d’épaisses forêts. Il nous est impossible d’y pénétrer sans tomber dans une embuscade.
— Qu’attendez-vous pour y mettre le feu ?
— Vous n’ignorez pas qu’elles sont protégées par de puissants sortilèges.
— Foutaise que cela ! Vous n’êtes qu’un incapable ! crie Érato, irritée.
Cédant à un mouvement d’humeur, elle ôte une deuxième fois sa couronne de sa tête et la jette violemment devant elle. Sa tiare roule dans les escaliers et atterrit aux pieds de son général. Il la ramasse du bout des doigts.
— Vous ne m’avez pas envoyé quérir pour m’apprendre mon métier, ô ma reine ? lui dit-il, narquois.
— Peut-être le devrais-je ? Mais une affaire plus importante nous occupe.
— Le Protonodos ?
— Lui-même !
Soutenant sans faiblir le regard perçant d’Érato, Silas se rapproche d’elle d’un pas sûr. Sa démarche martiale éveille, dans les profondeurs de la salle, des échos sinistres qui en auraient fait trembler plus d’un.
Vêtu de bottes cirées, d’éperons, d’un pantalon demi collant noir et d’une redingote violette qui lui pince la taille, il porte fièrement l’uniforme d’officier des armées d’Artala. Ses épaulettes, sa ceinture et son tricorne sont ornés d’autant de décorations militaires qu’il a remporté de victoires dans sa carrière. Mais contrairement à la reine et à ses courtisans, il ne se pavane pas dans les fêtes qu’on organise au château. Son seul terrain d’action est le champ de bataille, et sa mise élégante n’a d’autre but que d’intimider ses ennemis.
— Le Protonodos n’est pas de mon ressort ! Je m’occupe exclusivement de défendre les frontières d’Artala ! lui dit-il en déposant nonchalamment la couronne au pied de l’estrade.
— Eh bien, pas cette fois ! Je réclame votre intervention immédiate dans cette affaire.
Érato affiche une mine écœurée, comme si ces derniers mots lui donnaient la nausée. Elle n’aurait jamais cru qu’elle devrait un jour se traîner aux genoux de ce vieux militaire. Silas n’a que quarante ans ; on devine une silhouette athlétique sous son uniforme, ses cheveux bruns et ses yeux d’un bleu sombre n’ont rien perdu de leur éclat, mais pour Érato, les quelques rides qui sillonnent son front sont le signe d’un grand âge qu’elle espère ne jamais connaître.
— Votre garde personnelle peut très bien s’en charger, réplique sèchement le général. À vos dires, ce sont les meilleurs éléments d’Artala.
Les ongles enfoncés dans les accoudoirs de son trône, Érato prend une profonde inspiration avant de répondre. Si elle le pouvait, elle l’enverrait volontiers croupir dans un cachot. Mais elle a besoin de lui. Il le sait et s’en divertit. Le sourire moqueur qui relève le coin de ses lèvres en est la preuve.
Elle ne lui fera pas le plaisir de lui avouer que trois de ses plus valeureux agents ont trouvé la mort en tentant de s’opposer aux coupures intempestives du Protonodos. Elle ne se prêtera pas non plus au petit jeu de la vérité en lui confiant le secret le mieux gardé du royaume : si le Protonodos se refermait définitivement, Érato ne serait plus approvisionnée en élixir de jouvence. Sans ce précieux breuvage qui prolonge sa jeunesse, elle peut dire adieu à son règne. Car, au pays d’Artala, les monarques doivent abdiquer dès l’apparition de la première ride.
— Je veux que vous contactiez Orfef Demeretocris ! Je veux le voir au plus vite, ajoute-t-elle vivement, consciente de devoir ruser pour convaincre Silas de faire venir son ami au château.
La reine Érato commence à s’impatienter. Tout en maugréant, elle arpente la salle du trône, donnant de grands coups dans les rangées de chaises, s’emmêlant les pieds dans sa traîne. En règle générale, elle ne supporte pas qu’on la fasse attendre ; ses sujets lui doivent respect, obéissance et, surtout, ponctualité.
Ainsi, aujourd’hui plus qu’hier, elle enrage de ne pas voir arriver son chef des armées. Car l’affaire qui l’occupe est de la plus haute importance et ne souffre aucun retard. Si des mesures ne sont pas prises au plus vite, Érato risque fort de se retrouver en bien fâcheuse posture.
Impuissante à calmer ses vives inquiétudes, elle trépigne comme une enfant.
— Non, non, non et non ! crie-t-elle, en jetant sa couronne contre le mur.
Exaspérée, elle part la ramasser, puis l’inspecte minutieusement. Une fois assurée que les saphirs sont toujours enchâssés dans leur monture en or, elle se rapproche de l’une des larges fenêtres en ogive.
La lune de la nuit ne s’est pas encore couchée que celle du jour, plus grosse et plus brillante, se lève à l’horizon opposé. Érato prend appui sur le rebord de fenêtre pour savourer ce moment si particulier de la journée : l’Équiméra du matin. À l’aube comme au crépuscule, les deux astres se saluent, puis l’un d’eux tire sa révérence et cède la place à son jumeau. Pendant ce court instant, la lumière est tellement vive qu’on peine à garder les yeux ouverts. Lorsque l’astre déclinant disparaît enfin, la pénombre revient et la reine peut contempler à loisir son royaume. À ses pieds s’étend le pays d’Artala.
Érato ne veut pas renoncer à son trône. Elle ne laissera pas à une autre le plaisir de dominer les plaines que ses sujets cultivent. Recouvertes d’une terre noire riche en paillettes d’or, elles scintillent comme des milliers d’étoiles sous les rayons argentés des lunes qui se partagent le ciel.
Depuis son promontoire, Érato aperçoit au loin de gros points brillants qui se détachent dans la pénombre. Et elle devine ces villages qu’elle n’a jamais visités, mais dont on raconte qu’on y vit « à la dure », couchant à même le sol dans des masures obscures.
Dans son château bâti au sommet d’un rocher inexpugnable, Érato ne connaît que la lumière. Certes, dehors il fait toujours nuit. C’est à peine si les lunes parviennent à bleuir un ciel éternellement sombre. Mais les murs blanchis à la chaux, ainsi que des cages en verre remplies de lucioles, inondent de clarté les intérieurs du château, et la peau soyeuse d’Érato.
Une porte claque, des bruits de bottes résonnent sur les dalles de marbre blanc. Érato sursaute : son chef des armées, Silas Manartis, vient de faire une entrée fracassante.
— Et le protocole, nom de sang vieux ! crie la reine en tournant vers lui un regard noir de colère. Votre séjour prolongé sur le front de l’est vous aura fait perdre vos bonnes manières !
— Votre messager a dit que c’était urgent, lui répond le général, dont les lèvres se retroussent imperceptiblement.
— En effet ! Et vous m’avez fait attendre !
— J’ai fait au plus vite, rétorque-t-il froidement.
L’espace d’un instant, ils se taisent, se jaugeant mutuellement. Silas n’a que du mépris pour cette reine, trop belle et trop fraîche pour son âge, mais il veille à n’en rien laisser paraître. Comme son père et son grand-père avant lui, il la sert le plus fidèlement qu’il le peut.
Depuis quatre-vingts ans qu’elle est au pouvoir, Érato n’a pas quitté son teint de rose ni la blondeur éclatante de ses longs cheveux coiffés en tresse. Dans sa robe en soie azur brodée d’or, elle a conservé une allure délicate et juvénile, que démentent des yeux bleus d’une implacable dureté. L’on raconte qu’elle use de magie pour éviter les affres de la vieillesse. Silas ne ressent que du dégoût pour ceux qui défient le temps.
— Nous avons un grave problème avec le Protonodos.
— Et moi, j’aurais pu gagner une bataille décisive si vous ne m’aviez pas fait appeler, réplique le général avec une moue de dédain.
Piquée au vif, Érato lui jette un regard indigné. Qu’insinue-t-il par là ? Qu’elle est une mauvaise reine ? Cherche-t-il à lui imputer la faute d’une défaite contre les troupes yargas ?
— Le Protonodos est en train de se refermer. Et nous ne pouvons l’admettre, poursuit-elle en s’appliquant à mettre de la distance entre elle et son vassal.
Pour donner plus d’emphase à ses propos, elle s’éloigne du rebord de fenêtre et part s’asseoir sur son trône.
Depuis que ce Silas a pris la succession de son père à ce poste, il ne s’est guère montré affable. Fier de son physique irréprochable, il arbore des airs arrogants chaque fois qu’il s’adresse à elle. S’il croit qu’elle l’a attendu pour pacifier le pays !
Bien des années avant la naissance de ce rustre pétri d’orgueil, Érato était en guerre contre les Faunias, un peuple de montagnards autrement plus redoutables que les Yargas ! Pendant cinq longues années, avec une extrême ardeur et une même constance, elle soutint un siège imposé par les Faunias. Aidés de leurs chevaux volants et de leurs bâtons qui crachaient la foudre, ces terribles assaillants avaient tous les atouts pour la vaincre, mais Érato usa de persuasion pour amadouer Calmat, leur roi. Elle lui fit signer un traité d’alliance en sa faveur. En échange de la main de sa fille aînée, Thalia, elle obtint qu’on lui livrât chaque année des bâtons de foudre et des chevaux volants.
Aujourd’hui, grâce à la paix monnayée par Érato, Silas dispose d’armes qui lui confèrent une supériorité certaine sur les Yargas. Peut-être devrait-elle le lui rappeler ?
— J’ai peine à croire que votre seule absence suffise à compromettre une victoire qui vous est acquise ! lance-t-elle d’un ton hargneux. Votre père aurait été plus prompt à la remporter.
— Les Yargas se cachent dans d’épaisses forêts. Il nous est impossible d’y pénétrer sans tomber dans une embuscade.
— Qu’attendez-vous pour y mettre le feu ?
— Vous n’ignorez pas qu’elles sont protégées par de puissants sortilèges.
— Foutaise que cela ! Vous n’êtes qu’un incapable ! crie Érato, irritée.
Cédant à un mouvement d’humeur, elle ôte une deuxième fois sa couronne de sa tête et la jette violemment devant elle. Sa tiare roule dans les escaliers et atterrit aux pieds de son général. Il la ramasse du bout des doigts.
— Vous ne m’avez pas envoyé quérir pour m’apprendre mon métier, ô ma reine ? lui dit-il, narquois.
— Peut-être le devrais-je ? Mais une affaire plus importante nous occupe.
— Le Protonodos ?
— Lui-même !
Soutenant sans faiblir le regard perçant d’Érato, Silas se rapproche d’elle d’un pas sûr. Sa démarche martiale éveille, dans les profondeurs de la salle, des échos sinistres qui en auraient fait trembler plus d’un.
Vêtu de bottes cirées, d’éperons, d’un pantalon demi collant noir et d’une redingote violette qui lui pince la taille, il porte fièrement l’uniforme d’officier des armées d’Artala. Ses épaulettes, sa ceinture et son tricorne sont ornés d’autant de décorations militaires qu’il a remporté de victoires dans sa carrière. Mais contrairement à la reine et à ses courtisans, il ne se pavane pas dans les fêtes qu’on organise au château. Son seul terrain d’action est le champ de bataille, et sa mise élégante n’a d’autre but que d’intimider ses ennemis.
— Le Protonodos n’est pas de mon ressort ! Je m’occupe exclusivement de défendre les frontières d’Artala ! lui dit-il en déposant nonchalamment la couronne au pied de l’estrade.
— Eh bien, pas cette fois ! Je réclame votre intervention immédiate dans cette affaire.
Érato affiche une mine écœurée, comme si ces derniers mots lui donnaient la nausée. Elle n’aurait jamais cru qu’elle devrait un jour se traîner aux genoux de ce vieux militaire. Silas n’a que quarante ans ; on devine une silhouette athlétique sous son uniforme, ses cheveux bruns et ses yeux d’un bleu sombre n’ont rien perdu de leur éclat, mais pour Érato, les quelques rides qui sillonnent son front sont le signe d’un grand âge qu’elle espère ne jamais connaître.
— Votre garde personnelle peut très bien s’en charger, réplique sèchement le général. À vos dires, ce sont les meilleurs éléments d’Artala.
Les ongles enfoncés dans les accoudoirs de son trône, Érato prend une profonde inspiration avant de répondre. Si elle le pouvait, elle l’enverrait volontiers croupir dans un cachot. Mais elle a besoin de lui. Il le sait et s’en divertit. Le sourire moqueur qui relève le coin de ses lèvres en est la preuve.
Elle ne lui fera pas le plaisir de lui avouer que trois de ses plus valeureux agents ont trouvé la mort en tentant de s’opposer aux coupures intempestives du Protonodos. Elle ne se prêtera pas non plus au petit jeu de la vérité en lui confiant le secret le mieux gardé du royaume : si le Protonodos se refermait définitivement, Érato ne serait plus approvisionnée en élixir de jouvence. Sans ce précieux breuvage qui prolonge sa jeunesse, elle peut dire adieu à son règne. Car, au pays d’Artala, les monarques doivent abdiquer dès l’apparition de la première ride.
— Je veux que vous contactiez Orfef Demeretocris ! Je veux le voir au plus vite, ajoute-t-elle vivement, consciente de devoir ruser pour convaincre Silas de faire venir son ami au château.
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