Suite de l'article sur le roman d'Elena Ferrante "l'Amie Prodigieuse"...dont j'ai terminé la lecture hier matin.
Comme je le disais dans mon précédent article, j'ai beaucoup apprécié ce roman facile à lire, dont le style est plaisant, mais qui, pourtant, soulève des questions que tout adolescent, à mon sens, se pose un jour; car l’adolescence est une période ô combien déterminante, la personnalité se construit à travers des expériences qui nous sont propres, mais aussi à travers les expériences de nos proches.
Lila et Lena sont deux jeunes filles amies depuis l'école primaire, très attachées l'une à l’autre, mais qui, peu à peu, vont suivre des chemins différents, parce que Lena, poussée par son ancienne institutrice, continuera ses études, dans un monde où les femmes sont sensées se marier et ne se consacrer qu'à leur foyer et leur famille; tandis que Lila, bien qu'élève très brillante, acceptera très tôt de jouer le rôle que la société et que son entourage familier attendent d'elle, pas forcément par choix..Parce que pour nager à contre-courant, il faut un courage et une détermination hors du commun. C'est un défi de chaque jour, qui nous met à nu face à nous-mêmes, un défi difficile à relever mais qui en vaut la peine, car à mon sens la pire chose qui puisse arriver à tout individu, qu'il soit femme ou homme, est de se perdre....
Afin de restituer au mieux l'essence intrinsèque de ce texte, j'ai sélectionné cet extrait qui se situe à la fin:
"Ce fut pendant ce trajet vers la via Orazio que je commençai à me sentir clairement une étrangère rendue malheureuse par le fait même d'être une étrangère. J'avais grandi avec ces jeunes, je considérais leurs comportements comme normaux et leur langue violente était la mienne. Mais je suivais aussi tous les jours, depuis six ans maintenant, un parcours dont ils ignoraient tout et auquel je faisais face de façon tellement brillante que j'avais fini par être la meilleure. Avec eux, je ne pouvais rien utiliser de ce que j'apprenais au quotidien, je devais me retenir et d'une certaine manière me dégrader moi-même. Ce que j'étais en classe, ici j'étais obligée de le mettre entre parenthèses ou de ne l'utiliser que par traîtrise, pour les intimider. Je me demandai ce que je faisais dans cette voiture. C'étaient mes amis, bien sûr, et il y avait mon petit copain, nous allions à la noce de Lila, la seule personne qui me soit indispensable malgré nos vies convergentes, ne nous appartenait plus et, sans elle, toute médiation entre ces jeunes et moi, entre cette voiture qui faisait la course dans les rues et moi, était finie"...Amer constat...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire