dimanche 3 juillet 2016

Bonjour à tous,
en ce dimanche pluvieux que faire d'autre que lire et travailler ??? Sommes-nous réellement au début de l'été ou avons-nous, à notre insu, été téléportés  directement en automne ??? Si c'est ça, c'est pas cool ...
Tout ça pour dire que demain, je commence corriger et insérer les notes de bas de page du deuxième tome de De Glace et de Feu, qui portera le sous-titre provisoire  " L'empire disloqué".
Et en avant-première, pour vous chers amis lecteurs, voici en bonus le début du premier chapitre...Histoire de vous mettre l'eau à la bouche :)



A l'instant où le regard de Louis se posa sur Judith, au cours de l'assemblée d'Aix-la-Chapelle, en février 819, il tomba sous son charme ensorcelant : grande, mince, la gorge pleine et ferme, la peau blanche, de magnifiques cheveux noirs se déployant jusqu'à ses fines chevilles, une bouche sensuelle et des yeux en forme d'amande, d'un noir de jais. De quoi déboussoler n'importe quel homme, même le plus dévot ! La démarche assurée, le port altier, le regard fier, Judith était une femme orgueilleuse de son appartenance à la haute aristocratie et de son éclatante beauté. Comment un homme timide et influençable tel que Louis aurait-il pu lui rester insensible ?
Benoît d'Aniane, qui n'avait pas prévu un tel scénario, se demanda ce qu'il adviendrait si par malheur Judith donnait au roi un ou plusieurs fils. Il pressentit alors combien il serait difficile de composer avec elle, combien l'unité du royaume serait alors menacée. Chaque jour, il priait Dieu de lui donner la patience et la force de persuasion nécessaires pour maintenir l'empereur dans les heureuses dispositions qu'il montrait depuis le décès de l'impératrice. Tourmenté par toutes ses incertitudes que les heures passées en prière n'apaisaient pas, il se résolut à faire fi de l'antipathie qu'il ressentait pour Ebbon afin de lui confier ses craintes. L'archevêque de Reims, frère de lait et ami intime de l'empereur, saurait certainement comment gérer la situation au mieux. Ils devraient établir une stratégie cohérente et agir dans la plus grande discrétion, car 'impératrice et ses acolytes ne devaient se douter de rien.
Théoriquement, Ebbon, en tant qu'archevêque de Reims, devait résider dans sa capitale ecclésiastique. Mais, dans les faits, il préférait séjourner au palais impérial où il disposait d'un confortable appartement qu'il habitait une bonne partie de l'année. Toutefois, le retour du printemps rythmait invariablement avec le retour du prélat dans sa province. En effet, son titre de métropolitain lui commandait de faire un minimum acte de présence afin de veiller au bon fonctionnement des diocèses dépendant de sa juridiction. Ceux-ci, au nombre de onze, recouvraient un vaste territoire géographique aux réalités politiques, économiques et sociales très diverses et dont la gestion demandait doigté et fermeté. Les évêques étaient hommes de Dieu, certes, mais hommes avant tout... Leur statut d'ecclésiastiques ne les garantissait absolument pas des passions humaines,bien au contraire ! Ainsi, Châlons-sur-Marne, Soissons, Noyon, Tournai, Arras, Beauvais, Thérouanne, Amiens, Senlis, Cambrai et Laon constituaient la province ecclésiastique de Reims qu'Ebbon se devait de visiter une fois l'an. Ainsi, si Benoît voulait s'entretenir avec l'archevêque le plus rapidement possible, cela impliquait qu'il se rende à Reims, ce qui somme toute lui convenait. Il lui serait plus facile de conserver l'anonymat au palais épiscopal qu'à Aix-la-Chapelle où les allées et venues de chacun étaient soigneusement consignées.
Le palais épiscopal du tau était le lieu de résidence traditionnel des archevêques de la province ecclésiastique de Reims depuis que le diocèse avait été érigé en archevêché au cours du IVème siècle. Une des prérogatives des archevêques de Reims étant de sacrer les rois de France, le palais servait également de résidence royale lors des cérémonies de sacre. Pépin le Bref, père de Charlemagne, fut le premier roi franc à s'être fait couronner, une première fois en 752 par une assemblée d'évêques du royaume franc réunie à Soissons, conduite par l'archevêque de Mayence, Boniface ; une deuxième fois le 28 janvier 754 à Saint-Denis par le pape Etienne en personne, qui donnera l'onction aux deux fils de Pépin et bénira son épouse, Bertrade. Mais c'est Louis le Pieux, son petit-fils, qui fut l'initiateur d'une longue tradition en se faisant sacrer dans la cathédrale Notre-Dame de Reims, qui jouxtait le palais.

La cérémonie se déroulait selon un rite immuable : afin de respecter un ordre protocolaire rigoureux, l'archevêque de Reims assisté de quatre évêques suffragants de sa province, de l'évêque de Langres ainsi que du chapitre de la cathédrale, sacrait et couronnait lui-même le roi ; l'évêque de Laon portait la Sainte Ampoule, jalousement conservée à l'abbaye Saint-Rémi de Reims par son abbé ; l'évêque de Langres portait le sceptre ; l'évêque de Beauvais portait et présentait le manteau royal ; l'évêque de Châlons portait l'anneau royal ; l'évêque de Noyon portait le baudrier, bande d'étoffe ou de cuir, ceinte en écharpe, servant à porter l'épée d'apparat.

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