mardi 2 août 2016

Bonjour à tous,
avec du retard ( ordi planté), voici la 8e chronique de l'été; cette fois, il s'agit d'un roman policier dans la pure tradition scandinave: Le tailleur de pierre de Camilla Lackberg.

L'auteur:
Camilla Lackberg est née en août 1974 à Fjallbacka, petite station balnéaire de la côte ouest suédoise, à mi-chemin entre Oslo et Göteborg; à noter que les intrigues de ses romans se déroulent toutes dans sa ville natale.
Camilla Lackberg était économiste à Stockholm avant de se consacrer définitivement à l'écriture de romans policiers au début des années 2000, avec le talent qui la caractérise: intrigues complexes, personnages récurrents attachants, style épuré sans parlottes inutiles ni descriptions trop chargées, efficacité et pragmatisme scandinaves.
Le premier livre qui l'a marquée est "Mort sur le Nil" d'Agatha Christie. On retrouve d'ailleurs chez elle la même facture très classique: meurtre, liste de suspects, enquête, que chez la Reine du Crime britannique. Héritage qu'elle revendique sans fausse pudeur, tout en ayant ajouté sa "marque de fabrique" personnelle et très moderne qui explique en partie le succès de ses romans.
Petite anecdote: Camilla a écrit son premier roman, "La Princesse des glaces" au cours d'un stage d'écriture. Et Agatha a écrit son premier roman " La mystérieuse affaire de Style" suite à un défi lancé par sa sœur. Comme quoi...

Le roman:
écrit en 2005 et publié en France en 2009.
L'action dans le présent se passe en automne.
Pas de longs préambules: le cadavre est découvert dès les premières lignes.
Il se découpe selon un schéma d'allers et retours entre le passé, qui raconte l'histoire d'Agnès à différentes périodes de sa vie ( 1923, 1928, 1946, 1954) et le présent de l'enquête policière.
De nombreux passages racontent la vie quotidienne, les péripéties des personnages récurrents ainsi que d'autres personnages propres à ce roman ( par exemple, les querelles de voisinage entre Lilian et Kaj, son voisin, un des fils rouges de ce roman).
L'intérêt de ce procédé est de donner de l'étoffe à l'intrigue et d'entretenir le suspense en conférant une certaine lenteur à l'enquête. En effet, le lecteur se demande quel peut bien être le lien avec l'enquête en cours?
Le jeu de l'auteur participe d'ailleurs amplement à égarer le lecteur dans les méandres de l'enquête: elle suggère des bribes de pistes, chaque personne impliquée directement ou indirectement donnant son point de vue. Ainsi, le lecteur, qui essaie de résoudre l'énigme,  se demande régulièrement, au fur et à mesure des indices et informations qu'il collecte, qui est le meurtrier: Niklas, le père? Charlotte, la mère? Morgan, le voisin autiste? Un autre voisin? Un membre de la famille?
Toutes les pièces du puzzle sont disséminées çà et là de telle façon que la reconstitution finale ne peut avoir lieu, justement, qu'à la fin...qui n'est pas prévisible!

Les thèmes: 
son thème de prédilection est la famille, son côté obscur qui abrite "des secrets, des déviances, le lieu du mal par excellence"; pas besoin de parcourir de longues distances; le mal est tapi, là, tout près de vous, dans ce village que vous croyez connaître comme votre poche, chez ces voisins et amis que vous croyez inoffensifs...Rappelez-vous le secret de Miss Marple, la célèbre détective amateur d'Agatha Chrisite: " La nature humaine étant partout la même, il suffit d'observer les habitants de son village pour connaître tous les recoins sombres de l'âme humaine".
Autre thème, qui découle du premier, la maternité, la relation mère-enfant: " Etre une mère n'a jamais été évident pour moi, déclare Camilla Lackberg; (...) c'est pourquoi je suis fascinée par les histoires où les parents maltraitent leurs enfants, car ils sont contre leurs instincts de parents."
 D'autres thèmes apparaissent en filigrane: les destins brisés, les vies gâchées, la dissolution du couple...

Les personnages:
Nous retrouvons ici Erica, jeune maman, et son compagnon Patrick Hedström, enquêteur, à un moment difficile de leur vie de couple: la naissance de leur premier enfant. Le lecteur peut suivre ainsi les déboires et les doutes qui assaillent les jeunes parents.
Nous retrouvons également toute l'équipe du commissariat de Tanumshede, dont Fjallbacka dépend: le commissaire Bertil Mellberg; les enquêteurs Ernst Lundgren, Martin Molin, le médecin légiste Tord Petersen et la standardiste Annika.
Contrairement à d'autres romanciers scandinaves, comme Ake Edwardson ou Karin Fossum, Camilla Lackberg s'attache plus particulièrement à l'aspect humain, laissant très peu de place aux descriptions de paysages et d'ambiances.

L'intrigue:
un pêcheur découvre, dans son casier à homards, le cadavre d'une petite fille en laquelle l'inspecteur Patrick Hedström reconnaît la fille d'une amie de sa compagne, Erika. Tout d'abord, tout le monde pense à une noyade accidentelle. Mais le légiste trouve de l'eau douce et du savon dans ses poumons.
Dès lors, Patrick et son équipe vont devoir gratter la surface lisse des vies de chacun des protagonistes et s'enfoncer toujours plus avant dans les tunnels sombres et effrayants de l'âme humaine...

Mon Avis:
La romancière suédoise signe ici, encore une fois, un très bon polar, mené avec sa maestria habituelle.
Mon petit bémol: un peu long, presque 600 pages, du aux développements extra-enquête qui parfois peuvent lasser.

Ma Note: 17/20











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